Recouvrir le carrelage d’une salle de bain est une solution intéressante pour moderniser la pièce sans tout démolir. C’est souvent plus rapide, moins coûteux, et cela évite des travaux lourds et poussiéreux. Mais en pratique, beaucoup de projets tournent mal : revêtement qui se décolle, joints qui fissurent, humidité qui remonte, ou rendu final décevant.
Pour éviter ces déconvenues, il est essentiel de comprendre ce qu’il ne faut pas faire. Voici les 7 erreurs de débutant qui ruinent le résultat lorsqu’on recouvre du carrelage de salle de bain, et comment les éviter avec une approche simple et méthodique.
Comprendre les enjeux avant de recouvrir un carrelage de salle de bain
Pourquoi recouvrir plutôt que déposer l’ancien carrelage ?
Recouvrir le carrelage existant se justifie dans plusieurs situations :
- Vous souhaitez limiter les gravats et la poussière.
- Vous êtes en appartement, avec des contraintes de bruit et de temps.
- Le support existant est sain, mais simplement daté ou inesthétique.
- Vous cherchez une solution transitoire avant une rénovation plus lourde.
En contrepartie, recouvrir un carrelage impose de composer avec une surépaisseur, des contraintes d’adhérence et un environnement humide (salle de bain) particulièrement exigeant.
Les spécificités d’une salle de bain à ne pas sous-estimer
Une salle de bain impose des contraintes que l’on ne retrouve pas dans les autres pièces :
- Humidité permanente, voire projections d’eau directes dans la douche ou autour de la baignoire.
- Variations de température (chauffage, vapeur, aération).
- Risque de moisissures dans les zones mal ventilées ou mal traitées.
- Exigence d’étanchéité au niveau des murs et du sol, notamment dans les zones de douche à l’italienne.
Résultat : chaque erreur de préparation ou de choix de matériau se paie beaucoup plus vite et plus cher qu’ailleurs. C’est ce qui explique que certains projets “avant/après” prometteurs se transforment en casse-tête quelques mois après la pose.
Erreur n°1 : Négliger l’état du carrelage existant
Recouvrir un support fissuré ou décollé
La première erreur fréquente consiste à recouvrir un carrelage déjà en mauvais état. Un carrelage qui sonne creux, qui se fissure ou qui se décolle est un signal d’alarme évident. Y coller directement un nouveau revêtement, c’est construire sur une base instable.
Quelques signes qui doivent vous alerter :
- Carreaux qui bougent quand vous marchez dessus ou quand vous appuyez dessus au mur.
- Fissures en “toile d’araignée” ou en diagonale, localisées ou généralisées.
- Joints fortement dégradés, friables ou manquants.
- Traces d’humidité persistantes, zones gondolées ou taches sombres autour de la douche ou de la baignoire.
Dans ces cas, il est indispensable d’identifier et de traiter le problème (infiltration, chape qui se décolle, support instable) avant de recouvrir. Sinon, le nouveau revêtement risque de suivre le même chemin : fissures, décollement, cloques.
Tester le support avant de se lancer
Pour vérifier rapidement l’état de votre carrelage :
- Tapotez les carreaux avec le manche d’un tournevis ou un maillet : un son creux signale un décollement.
- Vérifiez la planéité avec une règle de maçon ou un niveau : un écart trop important complique fortement la pose d’un nouveau revêtement.
- Contrôlez l’absence de zones humides persistantes, notamment au sol autour de la douche.
Si le support est trop abîmé, la solution la plus durable est souvent de déposer l’ancien carrelage sur la zone concernée, de reprendre la base (ragréage, chape, support mural) puis seulement d’envisager un recouvrement.
Erreur n°2 : Oublier nettoyage et dégraissage en profondeur
La fausse bonne idée : “poser par-dessus tel quel”
Une autre erreur classique consiste à se contenter d’un simple coup de serpillière ou d’éponge avant de poser un nouveau revêtement. Un carrelage de salle de bain accumule pourtant :
- Traces de savon et de shampoing.
- Résidus de produits ménagers, parfois gras ou siliconés.
- Voile de calcaire sur les zones régulièrement arrosées.
- Traces de cosmétiques, d’huiles, de lotions.
Tous ces éléments nuisent directement à l’adhérence. Résultat : peinture qui pèle, dalles PVC qui se décollent, enduits décoratifs qui clissent.
Un protocole simple pour garantir l’adhérence
Avant toute pose sur carrelage de salle de bain, prévoyez :
- Un dégraissage sérieux avec un détergent alcalin type lessive Saint-Marc ou produit spécifique “avant travaux”.
- Un rinçage abondant à l’eau claire pour éliminer tout résidu de détergent.
- Un séchage complet (au moins 24 h dans une pièce correctement ventilée).
Sur les zones très calcaires ou encrassées (douche, autour de la robinetterie), un passage complémentaire avec un produit anticalcaire peut s’avérer nécessaire, toujours suivi d’un rinçage minutieux.
Erreur n°3 : Ne pas poncer ou égrener un carrelage trop lisse
Le problème des carrelages brillants ou émaillés
Les carrelages de salle de bain anciens sont souvent très brillants, émaillés ou lisses. C’est excellent pour le nettoyage… mais catastrophique pour l’adhérence des peintures, résines ou colles.
Coller ou peindre directement sur une surface glacée, même propre, augmente fortement le risque de décollement à moyen terme, surtout dans une pièce humide.
Égrener pour créer une accroche mécanique
Pour un résultat durable, l’idéal est de “casser” légèrement la brillance du carrelage :
- Ponçage léger avec un abrasif grain 80 à 120, à sec ou à l’eau selon les recommandations du fabricant du futur revêtement.
- Insistance sur les zones très lisses ou brillantes, sans chercher à supprimer complètement l’émail.
- Nettoyage soigné des poussières après ponçage (aspirateur + chiffon humide).
Cette accroche mécanique est souvent complétée par une primaire d’adhérence spécifique carrelage, surtout pour les peintures et les enduits décoratifs.
Erreur n°4 : Choisir un revêtement inadapté à l’humidité
Confondre salle de bain et pièce sèche
Beaucoup de produits “pour recouvrir carrelage” affichés en rayon bricolage sont en réalité prévus pour des pièces sèches : couloir, chambre, salon. En salle de bain, ces produits atteignent rapidement leurs limites.
Exemples de mauvais choix fréquents :
- Dalles PVC clipsables d’entrée de gamme non prévues pour pièces humides, qui gondolent au contact de l’eau.
- Peintures acryliques classiques, sans résistance renforcée à la condensation ni aux projections.
- Enduits décoratifs intérieurs non adaptés aux locaux humides (sans certification adéquate).
Quels types de revêtements privilégier en salle de bain ?
A contrario, certains produits sont spécifiquement formulés pour résister à l’humidité :
- Peintures “spécial carrelage” ou “locaux humides”, compatibles avec les supports carrelés.
- Résines époxy ou polyuréthane pour créer une surface étanche et très résistante (sols ou murs).
- Plaquettes ou panneaux muraux étanches, conçus pour les cabines de douche (à poser sur carrelage après préparation).
- Revêtements vinyles ou PVC certifiés pour pièces humides, notamment pour les sols.
Avant d’acheter, vérifiez systématiquement :
- La mention “pièces humides” ou “locaux humides” sur l’emballage.
- La compatibilité avec le carrelage existant (mural et/ou sol).
- Les restrictions éventuelles : exposition directe à l’eau, zone de douche, résistance aux produits ménagers.
Erreur n°5 : Ignorer l’épaisseur totale et la hauteur finie
La surépaisseur, un détail qui n’en est pas un
Recouvrir un carrelage, surtout au sol, ajoute de l’épaisseur : colle + revêtement (dalles, panneaux, nouveau carrelage, résine). Cette surépaisseur peut sembler minime sur le papier (quelques millimètres), mais les impacts sont réels :
- Seuils de portes qui coincent ou ne ferment plus correctement.
- Désaffleurements entre la salle de bain et le couloir ou les pièces adjacentes.
- Hauteur de receveur de douche ou de baignoire visuellement déséquilibrée.
- Appareillages sanitaires ou meubles mal alignés (meuble vasque, WC suspendu, pare-baignoire).
Anticiper avant de choisir la technique de recouvrement
Avant d’arrêter votre solution, mesurez précisément :
- L’épaisseur du revêtement envisagé (dalle, panneau, nouveau carrelage, résine).
- L’épaisseur approximative de la colle ou de la sous-couche nécessaire.
- Les marges sous les portes et les seuils existants.
En fonction de ces mesures, vous pourrez ajuster votre choix :
- Préférer une résine ou une peinture (surépaisseur minimale) plutôt qu’un nouveau carrelage si la hauteur est très contrainte.
- Raboter légèrement une porte si nécessaire, mais en gardant une marge suffisante pour la circulation de l’air.
- Prévoir des barres de seuil de transition propres entre pièces.
Erreur n°6 : Sous-estimer le rôle des joints et de l’étanchéité
Recouvrir sans traiter les anciens joints
Les joints de carrelage sont souvent le point faible d’une salle de bain vieillissante : ils noircissent, se fissurent ou deviennent poreux. Recouvrir par-dessus, sans les traiter, peut laisser des faiblesses dans l’étanchéité globale de la pièce.
Quelques erreurs fréquentes :
- Peindre directement sur des joints moisis ou friables.
- Coller des panneaux ou dalles murales sans refaire une étanchéité périphérique (angles, tour de baignoire, raccords de douche).
- Oublier de reprendre les joints silicone usés autour des appareils sanitaires.
Renforcer l’étanchéité avant d’habiller
Pour un résultat durable, prévoyez un traitement spécifique des joints avant recouvrement :
- Gratter les joints fortement dégradés ou moisis (au grattoir ou à la meuleuse fine avec précaution).
- Rejointoyer si nécessaire avec un mortier de joint adapté aux pièces humides.
- Remplacer les joints silicone usés autour de la baignoire, de la douche et du lavabo.
Si vous installez des panneaux muraux ou un nouveau carrelage dans la zone de douche, pensez à intégrer un système d’étanchéité complet (bandes d’angles, membranes, produits d’étanchéité liquide) selon les prescriptions du fabricant. L’objectif : éviter toute infiltration derrière le nouveau revêtement.
Erreur n°7 : Ne pas respecter les temps de séchage et les préconisations techniques
Précipiter les étapes pour finir plus vite
Dernière erreur très fréquente : vouloir aller trop vite. En salle de bain, on a tendance à vouloir rendre la pièce utilisable au plus vite. Résultat, certaines étapes sont bâclées ou les temps de séchage ne sont pas respectés :
- Peinture appliquée sur un carrelage encore humide après nettoyage.
- Deuxième couche posée avant le temps de recouvrement recommandé.
- Dalles ou panneaux collés sur un support pas encore sec.
- Remise en eau de la douche ou du bain avant la fin de la polymérisation.
Ces raccourcis se paient en adhérence, en résistance mécanique et en durabilité du revêtement.
Suivre scrupuleusement la notice fabricant
Chaque produit sérieux destiné à recouvrir un carrelage en salle de bain est accompagné d’une notice technique. Prenez le temps de la lire avant de commencer les travaux, pas au milieu du chantier. Les points à surveiller de près :
- Température minimale et maximale de pose (souvent entre 10 °C et 25 °C).
- Temps de séchage entre les couches (peinture, résine, colle).
- Délai avant remise en service de la pièce ou remise en eau (douche, baignoire).
- Compatibilités et incompatibilités entre produits (primaire, colle, finition).
Respecter ces données techniques est aussi important que la préparation du support. C’est ce qui fait la différence entre un projet qui tient 10 ans et un revêtement à refaire au bout d’un an.
Bien choisir sa technique pour recouvrir un carrelage de salle de bain
Panorama des solutions possibles
Selon votre budget, l’état du support existant et le rendu souhaité, plusieurs solutions existent :
- Peinture spéciale carrelage : idéale pour moderniser rapidement murs et parfois sols, à condition de respecter à la lettre préparation et primaires.
- Résines décoratives : aspect béton ciré ou surface lisse, adaptées pour murs et sols avec une très bonne résistance.
- Plaques ou panneaux muraux étanches : très efficaces en paroi de douche ou autour d’une baignoire, avec un aspect contemporain.
- Nouveau carrelage sur ancien : possible avec une colle adaptée, en anticipant la surépaisseur.
- Revêtements PVC ou vinyles : pour le sol, si le support est suffisamment plan et parfaitement préparé.
Pour approfondir les différentes options, notamment sur les sols et les contraintes de mise en œuvre, vous pouvez consulter notre article spécialisé sur les différentes façons de recouvrir un carrelage de sol sans démolition, qui détaille les avantages, limites et précautions de chaque technique.
Critères à prendre en compte avant de trancher
Pour faire un choix cohérent avec votre salle de bain, posez-vous ces questions :
- Zone à traiter : murs, sol, douche, entourage de baignoire, crédence de lavabo ?
- Exposition à l’eau : simple humidité ambiante ou projections directes et fréquentes ?
- État du carrelage existant : sain et stable ou fissuré/dégradé ?
- Niveau de finition souhaité : rafraîchissement rapide ou transformation esthétique profonde ?
- Budget et temps disponible : projet week-end ou rénovation plus ambitieuse ?
Une fois ces paramètres clarifiés, éliminez d’emblée les solutions incompatibles (par exemple, éviter une simple peinture dans une douche très sollicitée) pour vous concentrer sur les options vraiment adaptées à votre contexte.
Mettre toutes les chances de votre côté pour un résultat durable
Une méthode simple en 4 grandes étapes
Pour résumer une approche fiable et réaliste, même pour un bricoleur débutant :
- 1. Diagnostiquer l’existant : vérifier la stabilité, l’absence de grosses fissures, de carreaux décollés ou d’humidité persistante.
- 2. Préparer sérieusement : nettoyage, dégraissage, éventuel ponçage, traitement des joints et correction des défauts visibles.
- 3. Choisir un système compatible : revêtement adapté aux pièces humides, au carrelage, et validé par une notice technique claire.
- 4. Respecter les temps et les techniques : application correcte des primaires, des couches successives, séchages et remise en service.
Penser entretien, pas seulement esthétique
Enfin, gardez en tête l’entretien futur de votre salle de bain recouverte :
- Privilégiez des finitions lavables et résistantes aux produits ménagers courants.
- Évitez les surfaces trop texturées dans les zones très exposées au calcaire (elles sont plus difficiles à nettoyer).
- Surveillez régulièrement les joints, les angles et les zones de raccords, et intervenez dès les premiers signes de faiblesse.
Recouvrir un carrelage de salle de bain peut être une excellente alternative à une démolition complète, à condition de respecter ces fondamentaux et d’éviter les erreurs typiques des premiers projets. Une approche méthodique, des produits adaptés et une préparation rigoureuse font toute la différence entre un simple “coup de peinture” et une rénovation réellement durable.

