Pourquoi un mur devient-il humide ?
Avoir un mur humide, ce n’est jamais bon signe. Que ce soit une odeur persistante, une peinture qui cloque ou l’apparition de taches sombres, c’est le signal d’alerte clair : quelque chose cloche. Et laisser traîner peut engendrer des dégâts coûteux, sans parler des risques pour la santé (moisissures, spores, etc.). Pour assainir efficacement, encore faut-il comprendre pourquoi le mur est humide.
Les causes les plus fréquentes :
- Infiltrations d’eau : souvent liées à une mauvaise étanchéité du toit, des murs ou des menuiseries extérieures.
- Remontées capillaires : l’humidité du sol « remonte » lentement dans les murs en l’absence de barrière étanche au niveau des fondations.
- Condensation intérieure : typique des pièces mal ventilées comme les salles de bains ou les cuisines.
- Fuite de canalisation : un tuyau encastré qui fuit peut imbiber murs ou cloisons sans qu’on s’en rende compte tout de suite.
Identifier la source est indispensable avant toute intervention. Inutile d’ajouter des couches d’enduit ou de peinture anti-humidité si le problème n’est pas traité à la racine.
Faire respirer un mur : une priorité
Un mur humide a besoin de respirer pour évacuer l’eau qu’il contient. Sauf que beaucoup de revêtements classiques (peintures glycéro, papiers peints vinyles, enduits imperméables…) étouffent littéralement la paroi. Résultat ? L’humidité stagne, la moisissure s’installe, et la situation empire.
Faire respirer un mur, c’est donc s’assurer qu’il puisse absorber et rejeter naturellement la vapeur d’eau. On parle alors de matériaux perspirants ou hygroscopiques. Ce sont eux qui vont jouer un rôle tampon en régulant les échanges d’humidité entre l’intérieur et l’extérieur.
Les solutions concrètes pour assainir un mur humide
1. Favoriser la ventilation naturelle ou mécanique
Première action : améliorer la circulation de l’air. Cela semble basique, et pourtant, c’est souvent sous-estimé.
- Aérez régulièrement les pièces, y compris en hiver. Une dizaine de minutes par jour suffit à renouveler l’air.
- Installez une VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée), idéalement hygroréglable, pour évacuer l’humidité produite par les activités quotidiennes.
- Ajoutez des grilles d’aération en partie haute et basse des murs pour favoriser le tirage naturel, surtout dans les vieilles maisons en pierre.
Un exemple vécu : dans une maison ancienne en Bretagne, une simple VMC double flux a suffi à stabiliser l’humidité dans les chambres, évitant ainsi d’importants travaux de déshumidification. Parfois, la solution est plus simple qu’on ne croit.
2. Utiliser un enduit à la chaux ou un badigeon naturel
Les enduits à la chaux sont LA solution traditionnelle pour réguler l’humidité. Contrairement aux enduits ciment modernes, la chaux est perméable à la vapeur d’eau. Elle laisse le mur respirer tout en le protégeant.
Avantages :
- Antiseptique naturel : limite la prolifération des moisissures
- Écologique et sans solvants
- Compatible avec les murs anciens en pierre ou brique
À éviter : les peintures filmogènes qui enferment l’humidité (type acrylique ou glycéro). Privilégiez les badigeons de chaux ou les peintures minérales à base de silicate.
3. Poser une barrière étanche contre les remontées capillaires
Lorsque l’humidité vient du sol, il faut stopper la remontée physique de l’eau dans les murs. On parle alors de traitement des remontées capillaires.
Deux méthodes efficaces :
- Injection de résine hydrofuge : on injecte une résine spéciale à la base du mur, formant une barrière étanche.
- Saignée pour insérer une membrane d’étanchéité horizontale : plus radical, mais très efficace si bien réalisé.
Attention, ces méthodes sont coûteuses et doivent être décidées après un diagnostic précis (un hygromètre à électrode donnera une bonne première estimation du taux d’humidité).
4. Dé-cacher le problème
Oui, cette étape fait souvent mal au cœur, surtout si votre mur était fraichement peint ou tapissé. Mais il est essentiel de mettre le mur à nu pour qu’il puisse sécher correctement. Cela implique :
- Retirer les papiers peints
- Désagréger les enduits non respirants
- Laisser le mur brut pendant plusieurs semaines
Dans de nombreux cas, un déshumidificateur professionnel peut accompagner cette étape pour accélérer le séchage, surtout si l’humidité est installée depuis longtemps.
5. Opter pour un doublage respirant
Rénover un mur humide implique souvent une rénovation de l’isolation. Mais attention au choix des matériaux ! Un doublage en placo, par exemple, peut empirer les choses s’il emprisonne l’humidité.
Préférez :
- Des isolants perspirants (liège, laine de bois, chanvre)
- Un montage avec lame d’air ventilée
- Des panneaux de Fermacell montés sur ossature bois plutôt que du BA13
Dans une rénovation de longère normande, la pose de doublages en laine de chanvre + enduit terre a permis de résoudre un problème d’humidité récurrent tout en améliorant le confort thermique.
6. Installer un drainage extérieur
Dans le cas de murs enterrés ou semi-enterrés (garage, cave, soubassement), l’humidité provient souvent du terrain environnant. Si le sol est toujours humide, pas la peine de tenter des traitements intérieurs à répétition.
La solution : créer un drainage périphérique autour du mur concerné. Cela consiste à :
- Creuser une tranchée le long du mur
- Installer un drain (type drain agricole) avec lit de gravier
- Poser une membrane étanche (type Delta MS) contre le mur
- Remblayer avec des matériaux filtrants
C’est une opération plus lourde, mais parfois la seule vraiment durable.
Et si rien n’y fait ?
Il arrive que malgré plusieurs actions (ventilation, enduits adaptés, drainage…), le mur reste humide. Dans ce cas, il est nécessaire de faire appel à un professionnel pour réaliser un diagnostic humidité complet.
Ce diagnostic inclut souvent :
- Mesures d’humidité à différents niveaux du mur
- Analyse des matériaux
- Détection de microfuites ou de poches d’eau
Un bureau d’étude ou une entreprise spécialisée peut ensuite établir un plan d’actions global. Méfiez-vous des vendeurs de solutions miracles type « peinture anti-humidité magique » sans adresser la cause profonde du problème… On n’assèche pas un mur avec un coup de pinceau !
Mieux vaut prévenir que guérir
Un mur sain, c’est aussi un bon entretien au quotidien. Voici quelques bonnes pratiques à retenir :
- Vérifiez vos gouttières et évacuations d’eau pluviale régulièrement
- Prenez l’habitude d’aérer, même en hiver
- Evitez de coller les meubles contre les murs extérieurs
- Surveillez les petites tâches suspectes : plus on agit tôt, plus c’est simple à corriger
Un mur qui respire, c’est aussi une maison plus confortable, mieux isolée et plus saine. Que vous soyez en rénovation ou simplement vigilant sur l’entretien de votre intérieur, bien comprendre les mécanismes de l’humidité est un investissement rentable à long terme.