Brancher une plaque à induction fait partie de ces travaux électriques qui semblent simples sur le papier, mais qui peuvent rapidement devenir dangereux si l’on ne comprend pas ce que l’on fait. Entre les installations en 3 fils, 4 fils ou 5 fils, les couleurs de câbles et les différents schémas de branchement, mieux vaut avancer pas à pas et avec méthode.
Dans cet article, l’objectif est clair : vous aider à identifier le bon branchement pour votre plaque à induction en fonction de votre installation (monophasé ou triphasé), du nombre de fils disponibles et des exigences du fabricant. Le tout dans une logique de sécurité, de confort d’utilisation et de durabilité de votre équipement.
1. Avant de toucher aux fils : règles de sécurité et vérifications de base
1.1. Couper le courant et sécuriser la zone
Avant même de regarder combien de fils arrivent à votre plaque, il y a une règle à ne jamais contourner : couper l’alimentation électrique au niveau du disjoncteur principal. Ne vous contentez pas d’un simple interrupteur mural ou d’un disjoncteur divisionnaire, coupez le tableau si possible et verrouillez-le ou mettez un message pour éviter qu’une autre personne ne le rallume.
- Coupez le courant au tableau général.
- Contrôlez l’absence de tension avec un multimètre ou un testeur spécifique (sans contact si possible).
- Dégagez la zone de travail : pas d’eau à proximité, pas de matériaux inflammables.
- Utilisez des outils isolés (tournevis électricien notamment).
Si vous ne disposez pas du matériel de test adapté ou si vous n’êtes pas sûr de vous, mieux vaut faire intervenir un électricien qualifié plutôt que de travailler “à l’aveugle”.
1.2. Vérifier la compatibilité de votre installation
Une plaque induction représente une forte puissance (souvent entre 6 000 et 7 500 W). Elle doit donc être alimentée par un circuit dédié, dimensionné pour supporter cette charge.
- Section du câble : généralement du 6 mm² pour un circuit plaque de cuisson, en monophasé comme en triphasé (à vérifier selon la norme locale et les préconisations du fabricant).
- Protection au tableau :
- En monophasé : disjoncteur 32 A le plus souvent.
- En triphasé : disjoncteur tétrapolaire, calibre ajusté à la puissance totale.
- Circuit dédié : la plaque ne doit pas partager sa ligne avec d’autres appareils importants (lave-linge, four, etc.).
Il est aussi essentiel de vérifier le type de réseau dont vous disposez chez vous :
- Monophasé : un seul conducteur de phase (L) + un neutre (N) + une terre (PE).
- Triphasé : trois phases (L1, L2, L3) + un neutre (N) + une terre (PE).
Cette information est indiquée sur votre compteur ou sur votre contrat d’électricité. C’est elle qui détermine en grande partie si vous aurez un branchement en 3, 4 ou 5 fils.
2. Comprendre les installations en 3, 4 et 5 fils
2.1. Le branchement en 3 fils : cas classique en monophasé
Le branchement en 3 fils est le plus courant dans les logements récents équipés en monophasé. Il se présente généralement ainsi :
- 1 fil de phase (L) : souvent rouge, marron ou noir.
- 1 fil de neutre (N) : généralement bleu.
- 1 fil de terre (PE) : vert/jaune.
Sur la plaque induction, vous trouverez un bornier avec plusieurs vis ou plots, parfois repérés par :
- L, L1, L2 pour les phases,
- N1, N2 pour les neutres,
- un symbole de terre pour le conducteur de protection (PE).
En 3 fils, la plaque fonctionne en monophasé. Les fabricants livrent généralement un cavalier ou des barrettes métalliques préinstallées pour relier les bornes de phase entre elles (L1 et L2, par exemple). Il en va de même parfois pour les bornes de neutre.
Vous devrez alors :
- Vérifier la présence ou la bonne position des cavaliers (indiqués dans la notice).
- Raccorder le fil de phase sur la borne de phase unique (ou le groupe de phases reliées).
- Raccorder le fil de neutre sur la borne de neutre (ou le groupe de neutres reliés).
- Raccorder la terre sur la borne de terre (symbole de mise à la terre).
Ce type de branchement est simple, mais il ne doit jamais être improvisé : les notices de plaques indiquent toujours un schéma dédié au branchement monophasé, à suivre précisément.
2.2. Le branchement en 4 fils : souvent triphasé sans neutre
Le branchement en 4 fils est moins fréquent dans les habitations classiques, mais on peut le rencontrer dans certains logements ou bâtiments équipés en triphasé. Dans cette configuration, on a en général :
- 3 fils de phase (L1, L2, L3), de couleurs différentes (par exemple marron, noir, gris).
- 1 fil de terre (PE), vert/jaune.
Il n’y a pas de fil de neutre distinct. Ce type de raccordement concerne surtout les plaques ou appareils prévus pour fonctionner en triphasé sans neutre. Cependant, dans la plupart des installations résidentielles, les plaques à induction modernes sont conçues pour un branchement monophasé ou triphasé avec neutre (5 fils).
Quelques points d’attention :
- Vérifiez impérativement dans la notice que votre plaque peut être raccordée en triphasé sans neutre.
- Si la plaque nécessite un neutre et que votre arrivée n’en comporte pas, il faut revoir le circuit au niveau du tableau, ce qui impose l’intervention d’un électricien qualifié.
- Ne créez jamais un “neutre de fortune” en reliant un fil de phase à une borne de neutre : c’est dangereux et non conforme.
2.3. Le branchement en 5 fils : le cas typique du triphasé domestique
Le branchement en 5 fils correspond au scénario standard d’une installation triphasée moderne :
- 3 fils de phase : L1, L2, L3 (couleurs généralement marron, noir, gris ou autres selon les normes de votre pays).
- 1 fil de neutre (N) : bleu.
- 1 fil de terre (PE) : vert/jaune.
Dans ce cas, la plaque induction est raccordée sur plusieurs phases, ce qui permet de mieux répartir la puissance totale et d’optimiser la consommation. Le bornier de la plaque affiche souvent des marquages clairs indiquant la répartition des phases et du neutre.
Schéma courant :
- L1 → borne L1 de la plaque.
- L2 → borne L2.
- L3 → borne L3.
- N (bleu) → borne N (ou N1 et N2 selon le modèle, avec parfois un cavalier).
- PE (vert/jaune) → borne de terre.
Selon les plaques, certaines puissances peuvent être automatiquement équilibrées entre phases, d’autres demandent une configuration spécifique (via les cavaliers ou via un menu de paramétrage de la plaque). Là encore, le schéma de câblage du fabricant est la référence à suivre.
3. Identifier votre configuration : 3 fils, 4 fils ou 5 fils ?
3.1. Observer la sortie murale ou la boîte de connexion
La première étape consiste à repérer d’où vient le câble pour la plaque :
- Prise spécialisée 32 A (rare pour les plaques modernes),
- Boîte de dérivation murale (souvent fixée derrière ou à côté de l’emplacement de la plaque),
- Câble sortant directement du mur (à raccorder dans un domino ou un boîtier).
Dénudez délicatement la gaine externe (si ce n’est pas déjà fait) pour compter le nombre de conducteurs :
- 3 fils → monophasé classique (phase + neutre + terre).
- 4 fils → très probablement triphasé sans neutre (3 phases + terre) ou monophasé + options (à vérifier sur l’installation complète).
- 5 fils → triphasé avec neutre (3 phases + neutre + terre).
Ne vous fiez pas seulement à la couleur des fils, car certains anciens câblages peuvent ne pas respecter les codes actuels. Si les couleurs vous paraissent incohérentes, testez avec un multimètre et/ou faites appel à un professionnel.
3.2. Confirmer avec le tableau électrique
Remontez au niveau du tableau pour comprendre comment le circuit de la plaque est protégé :
- Un seul disjoncteur unipolaire + neutre (type 32 A) dédié au circuit plaque → installation probablement monophasée en 3 fils.
- Un disjoncteur tétrapolaire (4 pôles) dédié au circuit plaque → installation probablement triphasée en 5 fils.
- Plusieurs disjoncteurs reliés entre eux de manière non conforme ou douteuse → faites intervenir un électricien, surtout si vous n’êtes pas à l’origine du montage.
Cette vérification permet d’éviter une erreur de diagnostic au niveau des fils, surtout si l’installation a été modifiée au fil des années.
3.3. Recouper avec la notice de la plaque induction
Les fabricants de plaques de cuisson fournissent toujours un schéma de raccordement :
- Schéma monophasé 230 V (phase + neutre + terre),
- Schéma triphasé 400 V (3 phases + neutre + terre),
- Parfois d’autres configurations spécifiques (deux phases, etc.).
Votre travail consiste à faire coïncider :
- Le type d’arrivée (3, 4 ou 5 fils),
- Le type de réseau (mono ou tri),
- Les schémas autorisés par le fabricant.
Si l’un des trois ne correspond pas aux autres (par exemple, plaque uniquement monophasée mais arrivée en triphasé complexe sans neutre), il faudra adapter l’installation ou choisir un autre matériel.
4. Comment réaliser le branchement selon votre configuration
4.1. Branchement d’une plaque induction en 3 fils (monophasé)
Une fois le courant coupé et l’installation identifiée, procédez de manière structurée :
- Étape 1 : Ouvrir le bornier de la plaque (souvent situé sous la table de cuisson, accessible par un cache vissé).
- Étape 2 : Vérifier la position des cavaliers selon le schéma “230 V~ monophasé”. Les bornes L1 et L2 peuvent être reliées par un cavalier, de même pour N1 et N2.
- Étape 3 : Raccorder le fil de phase (rouge, marron ou noir) sur la borne L ou sur le bloc de phases reliées.
- Étape 4 : Raccorder le fil bleu sur la ou les bornes N prévues.
- Étape 5 : Raccorder la terre (vert/jaune) sur la borne de terre.
- Étape 6 : Serrer fermement les vis, sans écraser le cuivre.
- Étape 7 : Refermer le cache du bornier et fixer correctement le câble pour qu’il ne soit pas en tension mécanique.
Après remise sous tension au tableau, testez chaque foyer en commençant par des puissances modérées pour vous assurer que le branchement est stable.
4.2. Branchement en 5 fils (triphasé avec neutre)
Le branchement en triphasé nécessite encore plus de rigueur, car une erreur peut entraîner des dysfonctionnements importants, voire endommager la plaque.
- Étape 1 : Vérifier que la notice prévoit un schéma “400 V~ triphasé”.
- Étape 2 : Repérer les bornes L1, L2, L3, N (ou N1/N2) et la borne de terre.
- Étape 3 : Raccorder chaque fil de phase (couleurs différentes) sur les bornes L1, L2, L3.
- Étape 4 : Raccorder le neutre (bleu) sur la ou les bornes N, en tenant compte des éventuels cavaliers.
- Étape 5 : Raccorder la terre (vert/jaune) sur la borne de mise à la terre.
- Étape 6 : Serrer tous les conducteurs et vérifier qu’aucun brin de cuivre ne dépasse.
- Étape 7 : Refermer et sécuriser le bornier, puis contrôler au tableau que votre disjoncteur tétrapolaire est bien calibré.
Sur certaines plaques, un paramétrage interne (via le panneau de commande) permet de déclarer que l’appareil est en mode triphasé afin d’optimiser la répartition de puissance. Consultez la notice pour ajuster ces réglages.
4.3. Cas spécifiques et limitations
Certains cas demandent une attention particulière :
- Ancienne installation en 4 fils : si vous avez 3 phases + terre mais pas de neutre, et que la plaque exige un neutre, ne tentez pas de “bricoler” un schéma. Il faudra revoir le circuit au tableau ou passer sur un modèle compatible.
- Réduction de puissance : dans les logements anciens ou les petites puissances souscrites, les plaques permettent souvent de limiter leur puissance maximale (par exemple à 3, 4,5 ou 6 kW). Cette option se règle directement sur la plaque et n’implique pas de modifier le nombre de fils, mais elle impacte le confort d’utilisation (impossibilité d’utiliser tous les foyers à pleine puissance simultanément).
- Adaptation d’un ancien câble : évitez de réutiliser un câble sous-dimensionné ou en mauvais état. Le remplacement par un câble 3G6 mm² ou 5G6 mm², selon le cas, est souvent indispensable pour rester dans les clous des normes.
5. Sécurité, conformité et optimisation de votre installation
5.1. Quand faire appel à un professionnel ?
Le branchement d’une plaque induction, même s’il semble accessible aux bricoleurs avertis, n’est pas un simple montage de meuble. Il implique :
- Une parfaite compréhension du réseau électrique du logement,
- Une maîtrise des schémas de raccordement,
- Le respect strict des sections de câble, des calibres de protection et des normes en vigueur.
Il est fortement recommandé de faire intervenir un électricien dans les cas suivants :
- Vous n’êtes pas certain du type d’arrivée (3, 4 ou 5 fils) ou de la nature des conducteurs.
- Le schéma du tableau électrique est confus ou a été modifié plusieurs fois.
- Vous devez passer d’un abonnement monophasé à un abonnement triphasé, ou inversement.
- Vous constatez des traces de surchauffe, des odeurs de brûlé ou des disjonctions répétées.
Un professionnel pourra également vérifier que l’installation respecte les exigences de sécurité, notamment la présence d’un dispositif différentiel adapté en amont du circuit.
5.2. Intégrer le branchement de la plaque dans un projet global d’aménagement
La plaque induction ne se pense pas isolément : elle fait partie d’un ensemble plus large comprenant le four, la hotte, le plan de travail, l’éclairage et parfois d’autres appareils intégrés. Pour un habitat bien pensé et agréable au quotidien, il est utile d’aborder ce sujet dans une vision plus globale :
- Ergonomie de la cuisine : hauteur du plan de travail, distance par rapport à l’évier, à la zone de préparation.
- Ventilation et évacuation : hotte compatible, débit suffisant, positionnement correct au-dessus de la plaque.
- Choix des matériaux : crédence, revêtements, meubles résistants à la chaleur.
- Optimisation énergétique : répartition des gros consommateurs (plaque, four, lave-vaisselle) pour éviter les pics de consommation.
Pour aller plus loin dans cette approche globale, vous pouvez consulter notre article spécialisé dédié au branchement et à l’intégration d’une plaque induction dans une cuisine fonctionnelle, qui croise contraintes techniques, sécurité et confort d’usage au quotidien.
5.3. Bonnes pratiques pour une utilisation durable et sûre
Une fois la plaque correctement branchée, quelques réflexes permettent d’allonger sa durée de vie et de préserver la sécurité de votre installation :
- Ne jamais bloquer les ventilations de la plaque (entrées et sorties d’air souvent situées en dessous ou à l’arrière).
- Éviter les surcharges prolongées : utiliser tous les foyers à pleine puissance sur une longue durée sollicite fortement l’installation, surtout en monophasé limite en puissance.
- Surveiller les disjonctions anormales : si le disjoncteur saute régulièrement lors de l’utilisation de la plaque, c’est un signe à prendre au sérieux (câble sous-dimensionné, problème de branchement, appareil défectueux).
- Nettoyer régulièrement le dessus de la plaque et la zone autour, pour éviter l’accumulation de graisse, qui peut altérer certains composants et rendre le poste de cuisson moins sûr.
Une installation bien pensée dès le départ, adaptée à la configuration de votre réseau (3, 4 ou 5 fils) et réalisée dans les règles de l’art, vous permettra de profiter pleinement de votre plaque induction sans mauvaise surprise, tout en maintenant un habitat à la fois fonctionnel, confortable et économe en énergie.