Brancher une plaque induction fait souvent peur quand on n’est pas électricien. Entre les 3, 4 ou 5 fils qui sortent du mur, les couleurs différentes, les schémas parfois incompréhensibles, on a vite l’impression de toucher à quelque chose de réservé aux pros. Pourtant, avec un minimum de méthode, quelques règles de sécurité et une bonne compréhension des bases, il est possible de mieux comprendre ce que vous avez sous les yeux, de limiter les erreurs et de dialoguer plus sereinement avec un professionnel.
Dans cet article, on va décoder ce fameux branchement électrique de plaque induction, fil par fil, pour vous aider à savoir ce qui est possible de faire soi-même et ce qui doit clairement être confié à un électricien.
Les bases à connaître avant de toucher au branchement d’une plaque induction
Rappel de sécurité indispensable
Une plaque induction est un appareil très puissant (généralement entre 3 000 et 7 500 W) relié directement au tableau électrique. Une erreur de branchement peut provoquer :
- Un déclenchement permanent du disjoncteur
- Une surchauffe des câbles
- Un risque d’électrocution
- Un départ de feu dans le mur ou le tableau
Avant toute intervention :
- Coupez l’électricité au disjoncteur général.
- Vérifiez l’absence de tension avec un multimètre ou un testeur approprié (pas juste en « espérant » que c’est coupé).
- Ne travaillez jamais sous tension, même pour “juste regarder vite fait”.
- Si vous avez le moindre doute, faites intervenir un électricien qualifié.
Les explications qui suivent ont pour but de vous aider à comprendre et à vérifier un branchement, pas à vous transformer en électricien du jour au lendemain.
Ce que dit la norme NFC 15-100 pour une plaque induction
En France, la norme NFC 15-100 encadre les circuits spécialisés des appareils de cuisson. Pour une plaque induction, vous devez normalement trouver :
- Un circuit dédié, sans autre appareil branché dessus
- Des conducteurs de section 6 mm² (cas le plus courant en France)
- Un disjoncteur adapté, généralement 32 A
- Une protection différentielle 30 mA en amont (au niveau du tableau)
Si vous découvrez derrière votre future plaque un vieux câble en 2,5 mm², des dominos douteux ou une prise classique, méfiance : le problème n’est pas seulement le branchement, mais toute l’installation, qui peut ne pas être adaptée.
Monophasé ou triphasé : comprendre la différence
C’est un point clé pour comprendre pourquoi vous avez 3, 4 ou 5 fils :
- Installation monophasée : le cas le plus fréquent dans les logements. Vous avez une seule phase (L) et un neutre (N), plus la terre. La plaque fonctionne très bien dans cette configuration.
- Installation triphasée : plus rare chez les particuliers, plutôt dans les grandes maisons ou les installations anciennes/powerful. Vous avez trois phases (L1, L2, L3), un neutre (N) et la terre. Certaines plaques sont prévues pour être branchées en triphasé, d’autres uniquement en monophasé.
Le nombre de fils que vous voyez dans le mur (et dans le câble de la plaque) dépend donc principalement du type de réseau et de la façon dont la plaque peut être configurée.
Comprendre les couleurs et le rôle des fils d’une plaque induction
Les codes couleurs les plus courants
En France, la couleur des fils suit généralement ces règles :
- Vert/jaune : terre (sécurité, ne fait pas “fonctionner” l’appareil, mais protège en cas de défaut)
- Bleu clair : neutre (N)
- Marron, noir, gris : phases (L1, L2, L3 selon le cas)
Mais attention :
- Dans les anciennes installations, les couleurs peuvent ne pas respecter ces codes.
- Sur certaines plaques importées, les codes peuvent être légèrement différents (par exemple un fil rouge pour la phase).
- Ne vous fiez jamais uniquement à la couleur : en rénovation, certains fils ont pu être remplacés ou raccordés de manière non conforme.
Quand il y a un doute, la seule façon fiable d’identifier les conducteurs est d’utiliser un multimètre (et de savoir s’en servir).
Identifier les fils côté mur et côté plaque
Dans la pratique, vous avez deux “mondes” à relier :
- Côté mur : le câble qui sort de la boîte murale ou la sortie de câble. C’est votre arrivée électrique (monophasée ou triphasée).
- Côté plaque : le câble fourni avec la plaque (parfois à relier vous-même), ou des bornes à l’arrière de l’appareil avec un petit schéma de raccordement.
Sur la plaque induction, vous trouverez en général :
- Un bornier avec des repères du type L1, L2, L3, N, PE (PE = terre)
- Un schéma de câblage collé à proximité, avec plusieurs options : 230 V monophasé, 400 V 2 phases + N, 400 V 3 phases + N, etc.
C’est ce schéma qu’il faut suivre en priorité, car il est spécifique au modèle. Deux plaques induction différentes ne se branchent pas forcément de la même manière.
Branchement en 3, 4 ou 5 fils : ce que cela signifie concrètement
Branchement avec 3 fils : le cas le plus simple (monophasé)
Un branchement en 3 fils correspond généralement à :
- 1 fil de phase (souvent marron ou noir)
- 1 fil de neutre (souvent bleu)
- 1 fil de terre (vert/jaune)
C’est typiquement le cas d’une installation :
- En 230 V monophasé
- Avec un circuit dédié au tableau
Sur le bornier de la plaque, on retrouve alors en général :
- Le fil de phase sur L (ou sur un pontage reliant L1 et L2, parfois L1, L2 et L3 ensemble)
- Le fil de neutre sur N (souvent un bornier qui rassemble plusieurs entrées N)
- Le fil de terre sur la borne marquée PE ou le symbole de terre
Dans ce cas, le fabricant de la plaque prévoit un pontage interne ou externe entre les différentes bornes de phase (L1, L2, L3). Cela permet d’utiliser une seule phase tout en répartissant la puissance sur la plaque.
Branchement avec 4 fils : deux scénarios possibles
Quand vous avez 4 fils, plusieurs configurations peuvent se présenter :
1. Monophasé avec double phase pontée
Certains installateurs ou fabricants fournissent un câble avec :
- 2 fils pour la phase (par exemple marron et noir, à relier ensemble sur L1 et L2 selon le schéma)
- 1 neutre (bleu)
- 1 terre (vert/jaune)
Dans ce cas, vous êtes toujours en monophasé, mais la plaque répartit la charge en interne. C’est souvent indiqué sur le schéma de la plaque par une configuration du type “230 V ~ 1N” avec un pont entre L1 et L2.
2. Triphasé partiel (2 phases + neutre + terre)
Plus rarement, un branchement 4 fils peut correspondre à :
- L1 (phase 1)
- L2 (phase 2)
- N (neutre)
- Terre
C’est une configuration “400 V 2N” parfois proposée pour certaines plaques pouvant fonctionner sur deux phases uniquement (sans utiliser la troisième). Dans ce cas, il faut :
- Suivre scrupuleusement le schéma “400 V 2N” du fabricant
- Ne pas inverser les fils de phase et le neutre
- Vérifier que votre tableau électrique est bien adapté à cette configuration
Si vous n’êtes pas certain du type de réseau (monophasé ou triphasé) dont vous disposez, ne tentez pas ce type de montage seul.
Branchement avec 5 fils : le cas typique du triphasé
Avec 5 fils, on est le plus souvent dans une configuration triphasée :
- L1 : phase 1 (souvent marron)
- L2 : phase 2 (souvent noir)
- L3 : phase 3 (souvent gris)
- N : neutre (bleu)
- Terre : vert/jaune
Dans ce type de branchement :
- Chaque phase alimente une partie de la plaque (par exemple 2 foyers par phase).
- Le neutre est commun à l’ensemble.
- Le câblage se fait phase par phase, en suivant strictement le schéma “400 V 3N” ou “380-415 V 3N” du constructeur.
Le triphasé permet de mieux répartir la puissance globale de la plaque, ce qui peut être intéressant dans les grandes cuisines ou les installations gourmandes en énergie. En revanche, c’est plus technique à gérer et à équilibrer, surtout si d’autres appareils sont aussi en triphasé sur le tableau.
Comment lire et appliquer le schéma de branchement de votre plaque induction
Où trouver les informations de branchement
Sur la plupart des plaques induction, les informations de câblage se trouvent :
- Sur une étiquette collée à l’arrière de la plaque (près du bornier)
- Sur une feuille ou un volet plastique à soulever
- Dans la notice d’installation fournie par le fabricant
Vous verrez généralement un tableau ou des petits dessins avec plusieurs cases, par exemple :
- 230 V ~ 1N → schéma pour le branchement monophasé
- 400 V ~ 2N → schéma pour 2 phases + neutre
- 400 V ~ 3N → schéma pour 3 phases + neutre (triphasé classique)
Chaque schéma indique :
- Quels fils doivent aller sur L1, L2, L3, N
- Quels pontages (barettes métalliques) doivent être mis ou retirés entre les bornes
- Le type de câble et, parfois, la section minimale recommandée
Exemple de lecture : plaque en 230 V monophasé (3 fils)
Vous êtes dans le cas le plus courant :
- Au mur : 1 phase (L), 1 neutre (N), 1 terre
- Sur la plaque : schéma “230 V 1N” disponible
Le schéma du constructeur montre en général :
- Un pontage entre L1 et L2 (voire L3), parfois déjà en place
- Une seule borne N à utiliser pour le neutre
- Une borne pour la terre
Le raccordement standard sera alors :
- Fil de phase sur la borne L (ou sur la borne L1, avec pont vers L2/L3 selon schéma)
- Fil bleu (neutre) sur la borne N
- Fil vert/jaune sur la borne de terre (symbole spécifique)
Veillez à :
- Serrer correctement les vis du bornier (mais sans écraser les fils)
- Bien positionner le câble pour éviter qu’il soit pincé lors de la pose
- Respecter le sens de sortie du câble prévu par le fabricant
Exemple de lecture : plaque en 400 V 3N (5 fils, triphasé)
Vous disposez d’une arrivée en triphasé complète :
- L1, L2, L3, N, Terre
Le schéma 400 V 3N de la plaque montrera typiquement :
- L1, L2, L3 chacun reliés à une phase distincte
- Une ou plusieurs bornes N pour le neutre (à relier avec un seul fil neutre, ou un pontage préinstallé)
- Une borne de terre
Il sera alors demandé :
- De ne pas installer de pontage entre L1, L2 et L3 (contrairement au mode monophasé)
- De bien répartir chaque phase sur sa borne dédiée
Ce branchement, plus technique, mérite clairement l’intervention d’un électricien si vous n’êtes pas parfaitement à l’aise avec la notion de triphasé et la configuration de votre tableau.
Bonnes pratiques pour un branchement sûr et durable
Vérifier l’adéquation entre plaque et installation électrique
Avant même de toucher aux fils, posez-vous les bonnes questions :
- La puissance totale de la plaque est-elle compatible avec mon abonnement électrique (6 kVA, 9 kVA, plus) ?
- Mon tableau dispose-t-il bien d’un circuit spécialisé 32 A en 6 mm² pour la cuisson ?
- Suis-je en monophasé ou en triphasé ?
- La notice de la plaque permet-elle explicitement un branchement dans ma configuration (monophasée uniquement, bi-phase, triphasée, etc.) ?
Une plaque prévue uniquement pour du monophasé ne doit pas être branchée en triphasé, même si vous pensez “prendre juste deux phases” au hasard. Il faut suivre précisément ce qu’indique le constructeur.
Soigner les connexions et la protection mécanique
Quelques points souvent négligés, mais importants :
- Utilisez des embouts de câble (ferrules) si la notice le recommande, surtout si les fils sont multibrins.
- Évitez les dominos de mauvaise qualité ; privilégiez des bornes adaptées, correctement dimensionnées et serrées.
- Respectez les longueurs : pas de fils trop tirés ou au contraire entassés dans la boîte de dérivation.
- Fixez le câble de manière à ce qu’il ne puisse pas se débrancher si on tire légèrement sur la plaque.
Une connexion mal serrée peut chauffer au fil du temps, surtout avec un appareil qui tire plusieurs kilowatts. Cette surchauffe se fait souvent en silence, derrière le meuble, et se révèle trop tard.
Tester la plaque en toute sécurité après branchement
Une fois le raccordement terminé :
- Refermez les capots et boîtes de dérivation.
- Rétablissez le courant au disjoncteur général, puis au disjoncteur dédié.
- Vérifiez que le disjoncteur ne saute pas immédiatement.
- Allumez la plaque et testez les foyers un par un, puis ensemble à puissance modérée.
Surveillez pendant les premières utilisations :
- L’absence d’odeur de brûlé ou de plastique chaud derrière le meuble
- L’absence de coupures intempestives au tableau
- Un fonctionnement régulier des foyers, sans messages d’erreur
En cas de comportement anormal (disjonctions répétées, messages d’erreur, échauffement inhabituel), coupez le courant et faites contrôler l’installation.
Quand faire appel à un électricien sans hésiter
Même si vous êtes bricoleur, certains cas doivent être confiés à un pro :
- Installation en triphasé (surtout si vous ne maîtrisez pas sa logique).
- Absence de circuit spécialisé pour la cuisson au tableau.
- Section de câble inadaptée (moins de 6 mm² pour une plaque d’habitation standard).
- Installation ancienne, avec couleurs de fils incohérentes ou câblage douteux.
- Besoin de modifier l’abonnement (passage de monophasé à triphasé ou inversement).
L’électricien pourra :
- Vérifier la conformité de l’installation entière (tableau, protections, câbles).
- Adapter le branchement à la réalité de votre réseau et de votre plaque.
- Vous délivrer, si nécessaire, une attestation de conformité ou un rapport.
Pour approfondir ces aspects et visualiser des cas concrets de câblage, vous pouvez vous appuyer sur notre article spécialisé sur le raccordement d’une plaque induction en fonction de votre installation, pensé pour vous aider à mieux dialoguer avec votre artisan et à contrôler les points clés chez vous.
Intégrer le branchement de la plaque induction dans un projet global d’aménagement de cuisine
Penser le branchement en même temps que l’aménagement
Le raccordement électrique ne doit pas être un simple “détail de fin de chantier”. Dans une logique d’optimisation de l’espace de vie, il se pense en parallèle :
- Du positionnement de la plaque par rapport à l’évier, au réfrigérateur et aux autres éléments
- Du choix des matériaux (plan de travail, crédence) et de leur résistance à la chaleur
- De la ventilation de la niche sous la plaque (meuble four, rangements, tiroirs)
Une plaque induction dégage moins de chaleur qu’une table de cuisson gaz, mais :
- Les composants électroniques chauffent et ont besoin d’un minimum de ventilation.
- Le câblage doit rester facilement accessible en cas d’intervention.
- Les gaines électriques ne doivent pas être coincées ou écrasées par le mobilier.
Optimiser l’installation pour une maison plus économe
Au-delà du simple branchement, une plaque induction s’inscrit dans une démarche d’optimisation énergétique :
- Elle consomme moins qu’une plaque électrique classique à résistances.
- Elle chauffe rapidement, ce qui limite les pertes et le temps d’utilisation.
- Elle permet un meilleur contrôle de la puissance (boost, maintien au chaud, etc.).
Pour que cela se traduise réellement par des économies :
- Assurez-vous que l’isolation globale de la cuisine et de la maison est cohérente avec vos usages.
- Évitez de surdimensionner la puissance de la plaque par rapport à vos besoins réels.
- Profitez des fonctions de limitation de puissance proposées sur certains modèles pour adapter la plaque à votre abonnement, plutôt que d’augmenter l’abonnement systématiquement.
Une installation bien pensée, c’est une cuisine plus confortable, plus sûre et mieux intégrée à votre projet d’habitat durable, dans l’esprit que nous défendons sur Terra Maison : des choix techniques clairs, efficaces et adaptés à la vie quotidienne.

